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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/166

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ROMANS ET NOUVELLES

de voix simple et son geste naïf, que si vous tenez à avoir un ouvrage qui présente tout ce que l’art de la peinture peut donner en ce moment, il faut vous adresser à madame de Mirbel.

M. Delangle se récria et fit à notre héros des compliments un peu trop énergiques, mais qui avaient la rare qualité d’être parfaitement sincères.

— Je vois bien, mon cher Delangle, qu’il faut ici convaincre votre entêtement ; mais, si la personne dont vous parlez est réellement aussi belle que vous le dites, je tiens moi-même à ce que vous en ayez un portrait qui la représente réellement, et non pas une tête de convention pétrie de lis et de roses, et n’ayant pour toute expression qu’un air de fade volupté.

M. Delangle se récria encore

— Eh bien, mon cher ami, pour vous convaincre, nous allons prendre l’ouvrage qui vous plaira le plus parmi les portraits que j’ai dans mon écrin, et nous allons voir ensemble l’un des plus beaux portraits que madame de Mirbel a exposés cette année ; le propriétaire, qui aime les arts, veut bien me permettre d’aller étudier de temps à autre dans sa galerie. Là, en comparant les deux ouvrages, je vous ferai toucher au doigt et à l’œil, quoique la peinture ne soit pas votre occupation ha-