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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/181

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FÉDER

que va me coûter ce portrait par un fameux de la capitale ; il est vrai qu’il me fera honneur à Bordeaux ; il faudra que vous me rendiez le service, vous qui êtes son ami, de l’engager à y mettre son nom, en lettres bien visibles ; il ne faut pas que ce diable de nom, si cher, aille ensuite être caché par la bordure. Est-ce que depuis qu’il est membre de la Légion d’honneur, il ne peint pas une petite croix après son nom, comme on le voit dans l’Almanach royal ? S’il l’a jamais fait, ne manquez pas de l’engager à mettre cette petite croix dans notre tableau. Ces diables de peintres ont leurs rubriques ; cette petite croix peut doubler la valeur de notre portrait, et, d’ailleurs, elle prouverait bien qu’il est de lui.

Cette recommandation ne se borna pas à ce peu de mots : elle s’étendit encore en deux ou trois phrases qui procurèrent un vif plaisir à Delangle. Il se disait : « Ce que c’est pourtant que ces provinciaux ! En voilà un qui jouit d’une belle fortune. Là-bas il est honoré, considéré, et ici il bat la campagne. Une petite croix à la suite du nom du peintre ! Grand dieu ! que dirait le Charivari ? »

Depuis plusieurs années Delangle passait la moitié de son temps à Paris ; tout à coup il s’écria :