demain ? » L’horreur de la scène qu’elle
prévoyait lui donna du courage, et, prenant
son mouchoir, qu’elle approcha de sa
figure, elle fit signe à son mari qu’elle avait
un saignement de nez, accident auquel
elle était assez sujette. M. Boissaux dit
un mot pour expliquer la sortie de la
maîtresse de la maison, et personne ne fit
autrement attention à son départ.
Elle passa dans sa chambre ; là, les sanglots éclatèrent. « Si je m’asseois, se dit-elle, jamais je ne pourrai me relever. Cette maison est si petite et ces gens-là sont si grossiers ! ils sont capables, après dîner, de venir jusqu’ici. Ah ! il faut partir pour Paris, dès ce soir, et demain pour Bordeaux ; c’est le seul moyen de sauver ma réputation. »
Cette pauvre femme fondait en larmes ; mais elle n’avait plus la force de se tenir debout ; il lui fallut plus d’une demi-heure pour gagner, en s’appuyant sur les meubles, une serre chaude qui était à côté de la chambre à coucher. En s’appuyant sur les caisses de quelques orangers que le froid de l’hiver précédent avait tués et que l’on n’avait point encore remplacés, elle parvint jusqu’au fond de la serre ; elle se cacha derrière une sorte de jonc d’Amérique qui avait six pieds de haut et une centaine de tiges. Là, pour