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FÉDER

Après ces paroles prononcées du ton de la conviction la plus sincère, Féder salua Valentine d’un air d’amitié tendre. Elle resta immobile et pensive. Déjà elle ne songeait plus à se reprocher amèrement le moment de folie qui venait de la jeter dans les bras de Féder.

Féder alla rejoindre Boissaux et sa société, et se débarrassa de l’épisode de sa mort en recevant et donnant quelques poignées de main.

— Je savais bien, lui dit Boissaux, que vous n’étiez pas homme à vous laisser tuer ainsi.

L’accueil que lui fit Delangle fut moins amical. Féder raconta qu’en effet un fou, qui se prétendait plaisanté par lui, l’avait attaqué, et qu’il avait fallu avoir un tout petit duel à l’épée ; le fou avait reçu une blessure à la poitrine, qui avait calmé son ardeur, et à la suite de cette blessure on lui avait appliqué une sangsue. Le rire qu’excita ce détail mit fin à l’attention désagréable que tous ces hommes à argent, poussés par de bons vins, accordaient aux actions de Féder. Bientôt il put chercher à voir madame Boissaux ; mais son mari lui avait accordé la permission de revenir à Paris, et elle était partie depuis longtemps. Le lendemain, Féder vint, avec le plus