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FÉDER


idées de Valentine sur son compte. Son caractère si simple et si modeste, offrait maintenant les disparates les plus bizarres. C’était, par exemple, avec un dégoût marqué que, dans les premiers temps de son séjour à Paris, elle écoutait le récit des dépenses folles auxquelles se livraient les femmes de messieurs les hommes à argent. Maintenant elle imitait ces dames dans ce que leur conduite offre de plus extravagant. Ainsi un jour son mari lui fit une scène parce qu’elle avait envoyé, en une seule matinée, quatre domestiques de Viroflay à Paris : il s’agissait d’avoir, avant. dîner, une certaine robe de madame Delisle.

— Et encore, nous n’attendons personne à dîner aujourd’hui !

M. Boissaux ne comptait pas Féder : c’était l’ami de la maison, et, d’après un certain indice, Valentine comptait qu’il viendrait ce soir-là. La robe arriva à cinq heures et demie ; mais Féder ne parut point, et Valentine fut au moment de devenir folle. Elle était bien loin de deviner les idées et les exigences souvent cruelles qui dirigeaient impérieusement la conduite de cet amant qui ne lui disait jamais qu’il l’aimait.

Rosalinde était jalouse comme Othello : tantôt elle passait des journées entières sans ouvrir la bouche, tantôt cette femme