ducats, les voilà ; c’est le prix d’une impiété, ils me font horreur…
— Trêve de mièvreries ! s’écria don Blas.
— J’avais peur qu’il ne me tuât si je n’obéissais, continua Sancha ; il tenait toujours dans sa main gauche le poignard dégouttant du sang du pauvre volontaire royaliste. J’ai eu peur, je l’avoue, j’ai fait appeler Zanga, qui a pris le coffre et l’a porté au couvent. J’avais…
— Pas un mot de plus, ou vous êtes morte, dit don Blas, qui devinait presque que Sancha voulait gagner du temps.
Sur un signe de don Blas, on va chercher Zanga. Sancha remarque que don Blas, ordinairement impassible, est hors de lui ; il a des doutes sur l’être que, depuis deux ans, il croyait fidèle. La chaleur semble accabler don Blas ; mais, au moment où il aperçoit Zanga, que les sbires ramènent, il se précipite sur lui et lui serre le bras avec fureur.
— Nous voici arrivés au moment fatal, se dit Sancha. Cet homme va décider de la vie de doña Inès et de la mienne. Il m’est tout dévoué ; mais, ce soir, effrayé par le revenant et par le poignard de don Fernando, Dieu sait ce qu’il va dire !
Zanga, violemment secoué par don Blas, le regardait, les yeux effarés et sans répondre.