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Page:Stendhal - Romans et Nouvelles, II, 1928, éd. Martineau.djvu/93

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LE CHEVALIER
DE SAINT-ISMIER



C’
était en 1640 ; Richelieu régnait sur la France, plus terrible que jamais. Sa volonté de fer et ses caprices de grand homme essayaient de courber ces esprits turbulents qui faisaient la guerre et l’amour avec passion. La galanterie n’était point née. Les guerres de religion et les factions soudoyées par l’or des trésors du sombre Philippe II avaient déposé dans les cœurs un feu qui ne s’était point encore éteint à l’aspect des têtes que Richelieu faisait tomber. Alors, on trouvait chez le paysan, chez le noble, chez le bourgeois, une énergie que l’on ne connut plus en France après les soixante-douze ans du règne de Louis XIV. En 1640 le caractère français osait encore désirer des choses énergiques, mais les plus braves avaient peur du Cardinal ; ils savaient bien que si après l’avoir offensé on avait l’imprudence de rester en France, on ne pouvait lui échapper.