Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/183

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les lois, et, du reste, nous traite comme une colonie.

Bologne et toute la Romagne font peur à la cour de Rome ; Consalvi envoie, pour gouverner ce pays, un cardinal qui a l’ordre de se faire aimer, et obéit. Consalvi, ministre tout-puissant à Rome, est un ignorant plein d’esprit naturel et de modération ; il sait que les Italiens de Bologne et de la Romagne ont conservé quelque chose de l’énergie du moyen âge. Quand un maire en Romagne est trop coquin, on le tue, et jamais l’on ne trouve de témoins contre l’assassin. Ces manières brutales font horreur à leurs voisins, les habitants de Florence. Le gouvernement si renommé de Léopold, succédant à l’affreuse monarchie des Médicis, les a transformés en sopranos dévots. Ils n’ont plus de passions que celles des belles livrées et des jolies processions. Leur grand-duc aime l’argent et les femmes, et vit comme un père au milieu de ses enfants ; il est indifférent pour eux, comme eux pour lui ; mais quand ils viennent à regarder ce qui se passe ailleurs, ils s’aiment par raison. Le paysan toscan est bien singulier ; ces laboureurs forment peut-être la société la plus aimable de l’Europe, je les préfère de beaucoup aux habitants des villes.

En Italie, le pays civilisé finit au Tibre.