Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/62

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jeune homme de sa connaissance. Il comprend qu’il a passé la nuit dans la maison. Comme ce jeune homme aime beaucoup l’agriculture, le mari lui fait pendant deux heures, tout en se promenant sous le portique, et sous prétexte d’attendre la fin de la pluie, des questions infinies sur l’agriculture. Vers les huit heures, la pluie ne cessant pas, le mari a pris fort poliment congé de son ami, et est remonté. Le peuple milanais offre la réunion de deux choses que je n’ai jamais vues ensemble, au même degré, la sagacité et la bonté. Quand il discute, il est le contraire des Anglais, il est serré comme Tacite ; la moitié du sens est dans le geste et dans l’œil ; dès qu’il écrit il veut faire de belles phrases toscanes, et il est plus bavard que Cicéron.

Madame Catalani est arrivée et nous annonce quatre concerts : le croiriez-vous ? une chose choque tout le monde : le billet coûte dix francs. J’ai vu une loge pleine de gens qui jouissent de quatre-vingt ou cent mille livres de rentes, et qui, dans l’occasion, en dépensent le triple en bâtiments, se récrier sur ce prix de dix francs. Ici, le spectacle est pour rien ; il coûte trente-six centimes aux abonnés. Pour cela, on a le premier acte de l’opéra, qui dure une heure ; on commence à sept heures et