Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/95

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niches de toute grandeur, dans lesquelles on a mis tout autant de statues. Telle statue, placée à cent pieds de terre, n’a pas trente pouces de proportion. Il y a, derrière le grand autel, des fenêtres de soixante pieds de haut sur trente de large. Mais les vitraux colorés conservent aux cinq navate de l’intérieur le beau sombre qui convient à la religion qui prêche un enfer éternel.

On trouve, près du grand autel, au midi, un passage souterrain et ouvert au public, qui, de l’intérieur de l’église, conduit sous le portique de la cour de l’archevêché. Les personnes qui aiment à se voir s’y rencontrent par hasard. Le cocher et le laquais, qui, peut-être, sont des espions, attendent à la porte de l’église. À côté de ce passage, le cicerone vous fait remarquer une statue de saint Barthelémy, écorché et portant gaillardement sa peau en bandouillère, fort estimée du vulgaire, et qui pourrait figurer avantageusement dans un amphithéâtre d’hôpital, si elle n’était remplie de fautes d’anatomie. J’ai dit cela ce soir dans la loge de madame F*** ; on s’est tu. J’ai vu que je venais d’offenser le patrioltisme d’antichambre, et je me suis hâté de sortir. En général, dans la société italienne, même la plus spirituelle, il faut se comporter