Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, I, 1927, éd. Martineau.djvu/98

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Pour que les portiques de la Bourse de Paris pussent garantir de la pluie, il faudrait des colonnes de quinze pieds de haut, tout au plus. Il faudrait une halle immense et couverte pour les voitures qui attendent.

J’ai fini mes courses par la Cène de Léonard de Vinci au couvent delle Grazie, où j’ai passé deux heures. Ce soir, au café de l’Académie, M. Izimbardi m’a dit : « Quel prêtre homme de génie établit jadis l’usage de manger des pois chiches le 4 novembre, jour de la Saint-Charles ? L’enfant de quatre ans est frappé de cette singularité, et adore saint Charles. » M. Melchior Gioja pense que ces pois chiches sont un vestige de paganisme. Mon ignorance m’empêche d’avoir un avis. Demain, je mangerai des pois chiches chez madame C***. Je suis surpris de cette invitation, les Milanais ne prient jamais à dîner : ils ont encore des idées espagnoles sur le luxe qu’il faut déployer en ces occasions.

5 novembre. — Je suis allé tous ces soirs, vers les une heure du matin, revoir le Dôme de Milan. Éclairée par une belle lune, cette église offre un aspect d’une beauté ravissante et unique au monde.

Jamais l’architecture ne m’a donné de telles sensations. Ce marbre blanc découpé en filigranes n’a certainement ni la magni-