Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/103

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m’a montré un jeune officier de cavalerie qui fait le primo buffo. Il n’y a jamais de honte, en Italie, à faire ce qui est raisonnable ; en d’autres termes, le pays est moins gâté par l’honneur à la Louis XIV.

Le Barbier de Séville de Rossini est un tableau du Guide : c’est la négligence d’un grand maître ; rien n’y sent la fatigue, le métier. C’est un homme d’infiniment d’esprit sans aucune instruction. Un Beethoven qui aurait de telles idées, que ne ferait-il pas ? Ceci m’a l’air un peu pillé de Cimarosa. Je ne trouve d’absolument nouveau, dans le Barbier de Séville, que le trio du second acte entre Rosine, Almaviva et Figaro. Seulement, ce chant, au lieu d’être appliqué à une résolution d’intrigue, devrait l’être à des paroles de caractère et de parti pris.

Quand le danger est vif, quand une minute peut tout perdre ou tout sauver, il est trop choquant d’entendre répéter dix fois les mêmes paroles[1]. Cette absurdité nécessaire de la musique peut être facilement sauvée. Depuis trois ou quatre ans Rossini fait des opéras où il n’y a qu’un morceau ou deux dignes de l’auteur de Tancredi et de l’Italiana in Algeri. Je proposais ce soir de réunir, sur un

  1. Pour la musique, ce sont dix idées différentes.