Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/117

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prétexte de me faire voir un fort joli théâtre de marionnettes. Cette charmante bagatelle n’a que cinq pieds de large, et pourtant offre une copie exacte du théâtre de la Scala. Avant le commencement. du spectacle, on a éteint les lumières du salon ; les décorations font beaucoup d’effet, parce que, quoique fort petites, elles ne sont pas traitées comme des miniatures, mais à la Lanfranc (par un élève de M. Peregò de Milan). Il y a de petites lampes proportionnées au reste, et tous les changements de décorations s’effectuent rapidement et par les mêmes moyens qu’à la Scala ; rien de plus joli. Une troupe de vingt-quatre marionnettes de huit pouces de haut, qui ont des jambes de plomb et qu’on a payées un sequin chacune, a joué une comédie délicieuse et un peu libre, abrégée de la Mandragore de Machiavel. Les marionnettes ont ensuite dansé un petit ballet avec beaucoup de grâce.

Mais ce qui m’a charmé plus que le spectacle, c’est l’agrément et l’esprit de la conversation de ces Florentins, c’est le ton de politesse aisée avec lequel ils ont bien voulu m’accueillir. Quelle différence avec Bologne ! Ici, la curiosité qu’inspire une nouvelle figure l’emporte d’emblée sur l’intérêt qu’on prend à