Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/125

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Volterre, 31 janvier. — Comme toutes les villes de cette ancienne Étrurie dont Rome naissante détruisit la civilisation vraiment libérale pour l’époque, Volterre est placée au point le plus élevé d’une haute colline, à peu près comme Langres. J’ai trouvé l’honneur national de la petite ville fort en colère de je ne sais quel article d’un voyageur genevois, qui prétend que l’aria cattiva décime tous les ans les habitants de Volterre. M. Lullin parle fort bien de l’agriculture toscane, qu’il appelle cananéenne, en l’honneur des noces de Cana ; du reste, le style genevois a une certaine emphase puritaine qui m’amuse toujours. Les Volterriens accusent M. Lullin de s’être trompé de plusieurs millions seulement, en essayant d’évaluer l’exportation des chapeaux de paille que l’on fabrique en Toscane. « Ne voyez, leur disais-je, qu’un hommage à l’Italie, dans les huit ou dix volumes que nous autres gens du Nord imprimons chaque année sur le pays du beau. Que vous importe que nous déraisonnions ? Le fâcheux serait qu’on ne parlât pas de vous, et qu’on traitât Volterre comme Nuremberg. » Je visite,