Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/127

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vés les faits dont ils ont besoin ; leur manière de raisonner en ce genre est incroyable. Toutefois M. Raoul Rochette a gâté cet ouvrage en le mettant en français. M. Niebuhr serait bien supérieur à tout ceci, si la malheureuse philosophie allemande ne venait jeter du louche et du vague sur les idées du docte Berlinois. L’indulgence du lecteur ira-t-elle jusqu’à me passer une comparaison gastronomique ? On connaît ce vers de M. Berchoux :

Et le turbot fut mis à la sauce piquante.

À Paris, on sert à part le turbot et la sauce piquante. Je voudrais que les historiens allemands se pénétrassent de ce bel usage ; ils donneraient séparément au public les faits qu’ils ont mis au jour et leurs réflexions philosophiques. On pourrait alors profiter de l’histoire et renvoyer à un temps meilleur la lecture des idées sur l’absolu. Dans l’état de mélange complet où se trouvent ces deux bonnes choses, il est difficile de profiter de la meilleure.