Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/156

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Voilà un des grands buts de mon voyage, la rue la plus peuplée et la plus gaie de l’univers. Le croira-t-on ? nous avons couru les auberges pendant cinq heures ; il faut qu’il y ait ici deux ou trois mille Anglais ; je me niche enfin au septième étage, mais c’est vis-à-vis Saint-Charles, et je vois le Vésuve et la mer.

Saint-Charles n’est pas ouvert ce soir ; nous courons aux Florentins : c’est un petit théâtre en forme de fer à cheval allongé, excellent pour la musique, à peu près comme Louvois. Les billets sont numérotés ici comme à Rome : tous les premiers rangs sont pris. On joue Paul et Virginie, pièce à la mode de Guglielmi : je paye double, et j’ai un billet de seconde file. Salle brillante ; toutes les loges sont pleines, et de femmes très-parées : car ici ce n’est pas comme à Milan, il y a un lustre.

Symphonie extrêmement travaillée, trente ou quarante motifs se heurtent, ne se laissent pas le temps d’être compris et de toucher ; travail difficile, sec et ennuyeux. On est déjà fatigué de musique quand la toile se lève.

Nous voyons Paul et Virginie : ce sont mesdemoiselles Chabran et Canonici ; celle-ci, extrêmement minaudière, fait Paul. Les amants sont égarés comme dans l’opéra