Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/158

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de Venise, où il était sous-préfet. Mademoiselle Chabran a une assez jolie voix ; mais elle est encore plus froide que la Canonici et Pellegrini. Mademoiselle Chabran est bien inférieure à la petite Fabre de Milan, dont la figure épuisée a quelquefois l’air du sentiment. — Ensemble satisfaisant pour le vulgaire du grand monde : rien de choquant ; mais rien pour l’homme qui aime la peinture de la nature passionnée.

Le théâtre des Fiorentini est frais et joli. L’ouverture de l’avant-scène est beaucoup trop étroite ; les décorations sont pitoyables comme la musique, quoiqu’elle ait un grand succès et qu’on ait fait beaucoup de silence. Deux ou trois fois des chut multipliés ont annoncé des morceaux favoris. Musique lamentable, toujours de la même couleur : c’est un homme froid qui vise au sentiment. Rien de plus insipide ; mais les sots ont du goût pour l’opéra semi-seria ; ils comprennent le malheur et non pas le comique. Il y a bien plus de véritable peinture du cœur humain dans les farces napolitaines, comme celle de Capoue. On applaudit beaucoup Guglielmi, et les bravos viennent du cœur ; ce qui n’empêche pas que cette musique ne soit irrévocablement l’esprit voulant faire du génie : c’est la couleur du