Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/217

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général républicain attaque Naples à la tête de six mille hommes. Les lazzaroni se battent avec acharnement et le plus grand courage. Championnet entre à Naples le 23 janvier, et nomme un gouvernement provisoire, composé de vingt-quatre personnes auxquelles il dit : « La France, maîtresse de Naples par le droit des armes et par la désertion du roi, fait don de sa conquête aux Napolitains, et leur donne à la fois la liberté et l’indépendance. » Tous les imprudents se crurent libres ; les provinces partagèrent l’ivresse de la capitale. La plupart des évêques protestèrent officiellement de leur attachement à la république, et le clergé, revêtu de son costume, assista partout à la plantation de l’arbre de la liberté. Cependant le cardinal Ruffo, le seul homme de tête du parti royal, n’avait pas abandonné le sol de l’Italie : il était à Reggio de Calabre, à cent cinquante lieues de Naples, prêt à s’embarquer si le péril devenait trop pressant, mais ne perdant pas un moment pour organiser une Vendée contre la république parthénopéenne. Le cardinal Ruffo avait sa fortune à faire : non seulement il promit le paradis à tous les braves qui trouveraient la mort dans cette croisade ; mais, ce qui est plus adroit, il eut l’art de se faire croire. Les Anglais avaient occupé l’île