Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/242

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moins livré à la cour de Rome. On le dit au fort Saint-Ange, Dieu sait ce qu’on en fait.) La crainte de la mort, ajoute don Francesco, étant la passion la plus constamment puissante sur l’homme, même le plus abruti, c’est en travaillant sur cette passion que l’on peut espérer de donner des lumières aux peuples : de là, vous voyez dans les desseins de Dieu l’utilité des assassinats et des vexations d’Espagne. Et quel malheur si le bon parti (celui de la liberté) eût été obligé d’avoir recours à ces moyens ! etc., etc. » On s’occupe sans cesse de l’Espagne en ce pays.

Les tournures de la langue qu’on emploie en Calabre passeraient en France pour de la folie. Un jeune homme qui cherche à plaire à toutes les femmes s’appelle un cascamorto (un homme qui feint de tomber mort, par l’excès de passion, en lorgnant une jolie femme).

Ce qui est l’antipode de ce pays, c’est le ton dégoûté de la vie, dont, parmi nous, le René de M. de Chateaubriand a été à la fois la copie et le modèle. Ces gens-ci tiennent pour certain qu’à moins de circonstances proclamées extraordinaires par le cri public de tout un pays, le degré de bonheur est à peu près le même dans toutes les situations de la vie. Il y a au fond de cette modération une grande défiance