Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/262

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fut gai comme un catafalque. »

Don Francesco coupe court aux critiques de sa femme en s’écriant : « La vie morale n’existe qu’à Paris ; ce n’est que là que chaque jour on a trois ou quatre idées nouvelles ; tout m’a paru insipide au sortir de Paris. Vous devez cette vie morale, me dit-il, à votre situations plus centrale que celle de Londres, et ensuite à ce que rien n’est établi chez vous : Serez-vous Dieu, table ou cuvette ? Tels que vous êtes, un mélange aussi séduisant de bonté, d’esprit et de raison n’exista jamais. Mais vous êtes si flexibles, si dévoués à la mode, que tout cela tient à un fil. Qu’un de vos princes légitimes s’avise d’avoir le génie de Napoléon ou la grâce de François Ier, et vous devenez des esclaves contents de l’être, comme en 1680. Que vos jeunes gens fassent un pas de plus dans le mysticisme allemand, et l’on peut revoir chez vous des colloques de Poissy et des Saint-Barthélemy.

« Vos femmes me semblent négligées, et malheureuses par ennui. Mais quoi ! c’est la mode ; il serait de mauvais ton de songer à détrôner l’écarté, et il faut qu’elles restent solitaires et délaissées dans un coin des salons.

« J’étais bien jeune, en 1785, quand j’allai à Paris comme ablégat du pape