Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/282

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suivant les douces formes de l’inquisition. Tout ce que je vois des spectateurs : l’absence totale de politesse, d’honneur, d’égards, l’extrême insolence à côté de l’extrême bassesse dès qu’on résiste ; tout me confirme ce que Madame R*** me disait hier, que Tibère Pacca, gouverneur de Rome, est homme de talent et qui sait son affaire. Je fais copier son ordonnance de police : ce sera une des pièces justificatives de mon voyage, pour qui m’accusera de trop mépriser le despotisme ecclésiastique.

La musique commence enfin ; elle est d’un nommé Romani, qui s’intitule sur l’affiche Figlio di questa gran Roma. Il est digne de sa patrie : sa musique n’est qu’un centon de Cimarosa ; par ce moyen, quoique sans le moindre génie, elle m’amuse.

La prima donna de Valle est cette même madame Giorgi que j’ai vue à Florence : la musique de Rossini lui allait mieux ; elle n’est plus ici qu’une faible copie de la Malanotti. Il y a un bouffon de la bonne école, point musqué, et qui fait rire ; mais il est bien vieux.

La pièce est une traduction des Jeux de l’amour et du hasard. Le traducteur y a ajouté des coups de bâton, et un bailli de village qui compose une harangue à son seigneur à l’aide du Dictionnaire des rimes.