Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
304
ROME, NAPLES ET FLORENCE

renfermés dans un tuyau noir qui contient aussi les fils particuliers qui font mouvoir la tête ; les fils qui donnent le mouvement aux bras sont seuls un peu visibles. C’est pourquoi la meilleure place est à cinq ou six pas du théâtre. Les yeux se meuvent aussi, mais au hasard, suivant que la tête penche plus à droite ou à gauche.

Ce que je ne puis vous peindre, c’est l’extrême adresse avec laquelle on imite la nature par des moyens qui, à les voir décrits dans ma lettre, me semblent à moi-même si grossiers.

18 octobre. — Ce soir, au milieu de la conversation chez madame Crescenzi, un fort bel homme de trente-six ans, avec des yeux plus sombres encore que ceux qu’on rencontre d’ordinaire à Rome, a tout à coup pris la parole. Il a parlé tout seul pendant dix minutes, et assez bien ; après quoi il est retombé dans un morne silence. Personne n’a répliqué à ce qu’il avait dit, et la conversation a repris comme si elle avait été interrompue par un accident.

Voici l’histoire de la princesse Santa Valle, qui, du reste, est imprimée partout, et que le lecteur est engagé à passer, s’il la connaît. Une belle comtesse, née en Allemagne, une de ces femmes cosmopolites fort protégées par la diplomatie du