Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, II, 1927, éd. Martineau.djvu/76

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fort considérés, qui conspirèrent contre lui, mais furent trahis (1488). Jean II fit périr vingt Malvezzi par la main du bourreau. Tout ce qui portait le nom de Malvezzi, quoique n’ayant pas trempé dans la conjuration, fut exilé, et Jean s’empara de leurs biens. Ce prince, trouvant les Bolonais sensibles au beau, orna leur ville d’édifices somptueux. Les peintres, les sculpteurs, les poëtes, les savants, qui alors honoraient l’Italie, furent appelés à Bologne et magnifiquement payés. Jean II enrichit sa patrie des plus nobles collections de statues, de tableaux, de manuscrits, de livres. Il avait à ses gages un grand nombre d’assassins, par lesquels il faisait tuer (scanare), dans toute l’étendue de l’Italie, non-seulement ceux qui l’avaient offensé, mais leurs fils et leurs frères qui auraient pu songer à les venger. Il y avait déjà quarante-quatre ans que ce prince était occupé à changer en sujets dévoués les citoyens d’une république, quand le fougueux Jules II, l’un des plus grands généraux que le hasard ait jetés dans la chaire de Saint-Pierre, vint assiéger Bologne (1506). Jean II quitta un peuple qui ne l’aimait point, emportant ses trésors, et alla mourir en terre étrangère.

Le 21 mai 1511, les Français rétablirent dans la souveraineté de Bologne Annibal