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Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/153

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on donne une comédie où l’on badine la mode des cavaliers servants et des maris qui ferment les yeux pour avoir de bonnes entreprises dans les fourrages. L’auteur, qui est maladroit et sans nul talent, tombe à tous moments dans des grossièretés incroyables, mais fort amusantes pour l’étranger, car elles sont vraies. Ce qui est plus amusant, c’est ce que m’a dit en propres termes le fils de mon banquier : « Il serait plaisant que nous vinssions au théâtre pour nous voir tourner en ridicule. Ce soir, au second acte, comme j’entre dans une loge, j’entends une réplique de la soubrette, qui semblait faite exprès pour moi ; tout le monde me regarde ; je ne savais quelle contenance tenir ; et il faudrait applaudir à un tel genre ! des sifflets, per Dio, des sifflets ! »

Cela seul, et le malheur d’avoir la peinture des mœurs écrite dans une langue morte, suffit pour empêcher la naissance de la comédie. Quant à Vestri, il a deviné le dialogue italien ; un prince qui aimerait les arts, le ferait bien vite professeur dans un conservatoire. Un tel homme aurait la plus heureuse influence sur le récitatif obligé qui est aujourd’hui la seule ressource qui reste aux belles voix pour toucher les cœurs. Ce n’est que dans ces morceaux qu’on entend encore ce chant spianato,