Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/189

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est arrivée haletante de fatigue et rendue. Or, voilà ce que les pédants italiens ne veulent pas ; ils prétendent qu’il ne faut rien apprendre que dans des auteurs nés en Italie et y habitant[1].

Montesquieu disait de la Henriade : Plus Voltaire est Virgile, moins il est Virgile. Le grand génie qui entraîne les Italiens dans l’erreur fut celui de tous les hommes qui l’abhorra le plus. Personne ne fut plus lui-même que le Dante ; mais comme Alfieri manquait un peu d’esprit, il n’a pas vu cela, et à sa suite se précipite toute la jeunesse italienne.

L’Italie, ne pouvant plus espérer cette École polytechnique qui aurait mis la noblesse du côté des idées libérales, il lui faut faire son éducation, mais la faire avec les gens les plus différents d’elle-même. Cela facilitera le moment du départ[2].

Elle est du Midi, il lui faut des maîtres du Nord ; elle est éminemment catholique, il lui faut des maîtres protestants ; elle a dans le sang trois siècles de despotisme, il lui faut des maîtres constitutionnels : tout cela lui indique l’Écosse et l’Angleterre. Les Français lui ressemblent trop ; elle ne

  1. Pallas quas condidit arces
    Ipsa colat ; nohis placeant ante omnia silvæ.

    On voit que ce principe du mauvais goût est dans Virgile,

  2. Terme de chimie.