Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/199

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

car personne n’écoute leur esprit ; un Anglais qui à tout moment tire son carnet et arrête les paysans pour avoir l’orthographe précise du nom de l’endroit ; cinq ou six officiers à demi-solde, silencieux, et cinq femmes dont deux au moins de la beauté la plus noble, la plus simple, la plus touchante. N’ayant pas le temps d’être amoureux d’aucune d’elles, je le suis de l’Italie. Je ne puis vaincre ma mélancolie de quitter ce pays. Je vois d’ici le lac Majeur sur les bords duquel m’attend ma calèche. — Partie charmante, parce que, à l’exception de nos gens aimables, nous sommes à notre aise ensemble.

Ce soir, Berinetti nous a dit qu’un des frères du couvent touche de l’orgue. Nous passons deux heures dans son église, nous lui indiquons quelques morceaux de Mozart. Voilà de ces sensations que j’allais chercher à Naples, et qui rendent muet pendant. huit jours.

25 juillet. — Nous pénétrons dans un couvent noble, situé sur ce rocher isolé. — Politesse de madame Staurenghi, l’abbesse, je crois. Les marches dans l’intérieur du couvent sont en marbre noir ; je remarque qu’elles sont presque entièrement usées par les souliers de corde de ces pauvres religieuses. Que de beaux yeux ont brillé