Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, III, 1927, éd. Martineau.djvu/81

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blique. C’est là ma grande dispute avec eux. Le plus sûr chemin du despotisme militaire, c’est la république. Pour avoir une république, il faut commencer par se faire île. Parmi les modernes si corrompus, le rouage le plus nécessaire à la liberté, c’est un roi : voyez Berne.

Si je savais un coin du monde où l’on ne parlât pas plus politique qu’en 1770, j’y volerais, fût-il aussi loin que les jardins d’Armide. Notre partie, toute composée de jeunes femmes et de militaires, a tourné à la politique ; c’est-à-dire qu’au lieu de rire et de profiter de nos beaux jours, nous avons eu le plaisir de nous indigner.

8 mai. — Veut-on le portrait des belles miladys que nous avons ici, fait de main de maître ?

« Milady R*** a vingt-six ans, elle n’est pas vilaine ; elle est très-douce et assez polie, et ce n’est pas sa faute de n’être pas plus amusante : c’est faute d’avoir rien vu, car elle a du bon sens, n’a nulle prétention et est fort naturelle ; son ton de voix est doux, naïf, et même un peu niais. Si elle avait vécu en France, elle serait aimable. Je lui fais conter sa vie ; elle est occupée de son mari, de ses enfants, sans austérité ni ostentation :