Page:Stendhal - Rome, Naples et Florence, Lévy, 1854.djvu/86

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ROME, NAPLfiS ET FLORENCE. 81 la plupart des alUicbements datent sept ou huit ans. J’en connais plusieurs qui datent du retour des patriotes après Marengo, il y a seize ans. — Une marquise de la plus haute volëe a pour amie de cœur une simple maîtresse de dessin. La pos'Texte en gras'ition sociale est invisible en amitié. La vanité est tout au plus ici une des pas- sions ; elle est bien loin d’être la dominante et que Ton voit re- paraître lorsqu’on devrait le moins s’y attendre chez la petite fille de trois ans comme chez le vieillard de quatre-vingts. Je comprends maintenant ce que Jean de MûUcr nous disait à Cas- sel, que le Français est le peuple le moins dramatique de l’uni- vers : il ne peut comprendre qu’une passion, la sienne ; en second lieu, il a si bien mêlé cette passion à toutes les actions nécessai- res de la vie de Fanimal nommé homme, la mort, le penfihant des sexes, etc., que lorsqu’on lui montre ces actions nécessaires chez les autres peuples, il ne peut les reconnaître. Jean de Mul- 1er concluait de là que Voltaire devait être le plus grand tragi- que des Français, précisément parce quMl est le plus ridicule aux yeux des étrangers. Pendant huit ans, cette idée a été un para- doxe pour moi, et je l’aurais oubliée sans la grande réputation de l’auteur. L’Allemand, au lieu de rapporter tout à soi, se rap- porte tout aux autres. En lisant une histoire d’Assyrie, il est As- syrien ; il est Espagnol ou Mexicain en lisant les aventures de Cortez. Quand il se met à réfléchir, tout le monde a raison à ses yeux ; c’est pour cela qu’il rêve vingt ans de suite et souvent ne conclut pas ^ Le Français est plus expéditif, il juge un peuple et toute la masse de ses habitudes physiques et morales en une minute. Cela est-il conforme à Tusage ? — Non ; donc cela est exécrable, et il passe à autre chose. L’Italien étudie longtemps et comprend parfaitement les ma- nières singulières d’un peuple étranger et les habitudes qu’il a

  • L’auteur seul mieux que personne combien il a peu le droit de tran-

cher ainsi sur d^aussi grandes questions. Je désire êtro bref et clair. Si j’avais recours à l’appareil inattaquable des formes dubitatives et modestes qui conviennent si bien à mon ignorance, ce voyage aurait trois volumes, et serait six fois plus ennuyeux. Par le temps qui court, la brièveté esl le seul signe de respect apprécié par le public. Je ne prétends pas dire cf que 9Qnt Ips çhosçs, je riicot^tc) la sensation cju’ elles jno firofli.