Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/143

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en 1820, il était tranquille à Naples et royaliste.

Francesco, prince royal et depuis le plus méprisé des Kings, était régent et protecteur spécial du chevalier de Michevaux. Il le fit appeler et le pria, en le tutoyant, d’accepter la place de ministre à Dresde, de laquelle l’apathique Michevaux ne se souciait nullement. Cependant, comme il n’avait pas le courage de déplaire à une altesse royale et à un prince héréditaire, il alla à Dresde. Bientôt Francesco l’exila, le condamna à mort, je crois, ou du moins lui confisqua ses pensions.

Sans aucun esprit ou disposition pour rien, le chevalier a été un bourreau pour lui-même : il a longtemps travaillé dix-huit heures par jour, comme un Anglais, pour devenir peintre, musicien, métaphysicien, que sais-je ? Cette éducation était dirigée comme pour faire pièce à la logique.

Je sais ses étonnants travaux d’une actrice de mes amies, qui de sa fenêtre, voyait ce beau jeune homme travailler de cinq heures du matin à cinq heures du soir à la peinture, et ensuite, lire toute la soirée. De ces travaux effroyables, il était resté au chevalier l’art d’accompagner supérieurement au piano et assez de bon sens ou de bon goût musical, comme on voudra, pour n’être pas dupe tout à fait de