CHAPITRE 8
utre l’impudence de parler de soi
continuellement, ce travail offre
un autre découragement : que de
choses hardies et que je n’avance qu’en
tremblant seront de plats lieux communs
dix ans après ma mort, pour peu que le
ciel m’accorde une vie un peu honnête de
quatre-vingts ou quatre-vingt-dix !
D’un autre côté, il y a du plaisir à parler du général Foy, de Mme Pasta, de lord Byron, de Napoléon et de tous les grands hommes ou du moins ces êtres distingués que mon bonheur a été de connaître et qui ont daigné parler avec moi !
Du reste, si le lecteur est envieux comme mes contemporains, qu’il se console, peu de ces grands hommes que j’ai tant aimés m’ont deviné. Je crois même qu’ils me trouvaient plus ennuyeux qu’un autre ; peut-être ils ne voyaient en moi qu’un exagéré sentimental.
C’est la pire espèce en effet. Ce n’est que depuis que j’ai eu de l’esprit que j’ai été apprécié et bien au delà de mon mérite.