Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/167

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volumineux recueils la lettre autographe par laquelle M. de Jouy demandait aux Bourbons la croix de Saint-Louis.

Il ne fut pas deux minutes à trouver cette pièce, qui jurait d’une manière si plaisante avec la vertu farouche du libéral M. de Jouy.

Maisonnette n’avait pas la coquinerie lâche et profonde, le parfait jésuitisme des rédacteurs du Journal des Débats. Aussi, aux Débats, on était scandalisé des quinze ou vingt mille francs que M. de Villèle, cet homme si positif, donnait à Maisonnette.

Les gens de la rue des Prêtres le regardaient comme un niais, cependant ses appointements les empêchaient de dormir comme les lauriers de Miltiade.

Quand nous eûmes admiré la lettre de l’adjudant général de Jouy, Maisonnette dit : « Il est singulier que les deux coryphées de la littérature et du libéralisme actuels s’appellent tous les deux Étienne. » M. de Jouy naquit à Jouy, d’un bourgeois nommé Étienne. Doué de cette effronterie française que les pauvres Allemands ne peuvent pas concevoir, à quatorze ans le petit Étienne quitta Jouy, près Versailles, pour aller aux Indes. Là, il se fit appeler Étienne de Jouy, E. de Jouy, et enfin de Jouy tout court. Il devint réellement