Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/181

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Mozart et Molière), pour un monstre de séduction et d’esprit infernal. Certainement, il ne m’en eût pas coûté davantage pour me faire supporter dans le salon de Mme de Talaru, ou de Mme de Duras, ou de Mme de Broglie qui admettait tout couramment des bourgeois, ou de Mme Guizot que j’aimais (je parle de Mlle Pauline de Meulan), ou même dans le salon de Mme Récamier.

Mais, en 1822, je n’avais pas compris toute l’importance de la réponse à cette question sur un homme qui imprime un livre qu’on lit : Quel homme est-ce ?

J’ai été sauvé du mépris par cette réponse : Il va beaucoup chez Mme de Tracy. La société de 1829 a besoin de mépriser l’homme à qui, à tort ou à raison, elle accorde quelque esprit dans ses livres. Elle a peur, elle n’est plus juge impartial. Qu’eût-ce été si l’on avait répondu : Il va beaucoup chez Mme de Duras (Mlle de Kersaint).

Hé bien ! même aujourd’hui, où je sais l’importance de ces réponses, à cause de cette importance même, je laisserais le salon à la mode. (Je viens de déserter le salon de lady Holye… en 1832.)

Je fus fidèle au salon du docteur Edwards, qui n’était point aimable, comme on l’est à une maîtresse laide, parce que