Page:Stendhal - Souvenirs d’égotisme, 1927, éd. Martineau.djvu/187

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Le hasard me fit connaître cette Cour, mais écrire autre chose que l’analyse du cœur humain m’ennuie. Si le hasard m’avait donné un secrétaire, j’aurais été une autre espèce d’auteur.

Nous avons bien assez de celle-ci, dit l’avocat du diable.

Cette vieille reine avait amené d’Espagne à Rome un vieux confesseur. Ce confesseur entretenait la belle-fille du cuisinier de l’Académie de France. Cet Espagnol fort vieux et encore vert galant, eut l’imprudence de dire (ici je ne puis donner des détails plaisants, les masques vivent) de dire enfin que Ferdinand VII était le fils d’un tel et non de Charles IV ; c’était là un des grands péchés de la vieille reine. Elle était morte. Un espion sut le propos du prêtre. Ferdinand l’a fait enlever à Rome et cependant, au lieu de lui faire donner du poison, une contre-intrigue que j’ignore a fait jeter ce vieillard aux Présides.

Oserai-je dire quelle était la maladie de cette vieille reine remplie de bon sens ? (Je le sus à Rome en 1817 ou 1824.) C’était une suite de galanteries si mal guéries qu’elle ne pouvait tomber sans se casser un os. La pauvre femme, étant reine, avait honte de ces accidents fréquents et n’osait se faire bien guérir. Je trouvai le