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CHAPITRE 10



Me voilà donc avec une occupation pendant l’été de 1822. Corriger les épreuves de l’Amour imprimé in-12, sur du mauvais papier. M. Mongie me jura avec indignation qu’on l’avait trompé sur la qualité du papier. Je ne connaissais pas les libraires en 1822. Je n’avais jamais eu affaire qu’à M. Firmin Didot, auquel je payais tout papier d’après son tarif. M. Mongie faisait des gorges chaudes de mon imbécillité.

— Ah ! celui-là n’est pas ficelle ! disait-il en pâmant de rire et en me comparant aux Ancelot, aux Vitet, aux… et autres auteurs de métier.

Hé bien ! j’ai découvert par la suite que M. Mongie était de bien loin le libraire le plus honnête homme. Que dirai-je de mon ami, M. Sautelet, jeune avocat, mon ami avant qu’il ne fût libraire ?

Mais le pauvre diable s’est tué de chagrin de se voir délaissé par une veuve riche, nommée Mme Bonnet ou Bourdet, quelque nom noble de ce genre et qui lui