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donné quelques données sur les amours de cet archevêque, qui peut-être avait alors Mme de Podinas, dame d’honneur de Mme la duchesse de Berry, et, depuis ou avant, maîtresse du fameux duc de Raguse. Un jour, indiscrètement pour moi — c’est là, si je ne me trompe, un de mes nombreux défauts — je plaisantai un peu Mme de Lussinge sur l’archevêque.

C’était chez Mme la comtesse d’Avelles[1].

— Ma cousine, imposez silence à M. Beyle, s’écria-t-elle, furieuse.

Depuis ce moment elle a été mon ennemie, quoique avec des retours de coquetterie bien étrange. Mais me voilà embarqué dans un épisode bien long ; je continue, car j’ai vu Lussinge deux fois par jour pendant huit ans, et plus tard il faudrait revenir à cette grande et florissante baronne, qui a près de cinq pieds six pouces.

Avec sa dot, ses appointements de chef de bureau au ministère de la Police[2], les donations de sa mère, Lussinge réunit vingt-deux ou vingt trois mille livres de rente, vers 1828. De ce moment, un seul sentiment le domina, la peur de perdre. Méprisant les Bourbons, non pas autant

  1. D’Argout. (Note au crayon de Colomb.)
  2. À la préfecture. (Note de Colomb.)