coucher du soleil. Je me suis hâté de rentrer au
Palazzo Conti (Piezza Minerva), j’étais harassé.
J’étais en pantalon de…* blanc anglais, j’ai écrit
sur la ceinture en dedans : 16 octobre 1832, je vais
avoir la cinquantaine, ainsi abrégé pour n’être pas
compris : J. vaisa voir la 5*.
Le soir en rentrant assez ennuyé de la soirée de l’ambassadeur je me suis dit : je devrais écrire ma vie, je saurai peut-être enfin, quand cela sera fini, dans deux ou trois ans ce que j’ai été, gai ou triste, homme d’esprit ou sot, homme de courage ou peureux, et enfin au total heureux ou malheureux, je pourrai faire lire ce manuscrit à di Fiore.
Cette idée me sourit. — Oui, mais cette effroyable quantité de Je et de Moi ! Il y a de quoi donner de l’humeur au lecteur le plus bénévole. Je et moi, ce serait, au talent près*, comme M. de Chateaubriand, ce roi des égotistes.
Je me dis ce vers chaque fois que je lis une de ses
pages. On pourrait écrire, il est vrai, en se servant
de la troisième personne, il fit, il dit ; oui, mais
comment rendre compte des mouvements intérieurs
de l’âme ? C’est là-dessus surtout que j’aimerais à
consulter di Fiore.
Je ne continue que le 23 novembre 1835. La