manuscrit et qu’une fois écrit je ne le brûle pas ; je le léguerai non à un ami qui pourrait devenir dévot* ou vendu à un parti, comme ce jeune serin de Thomas Moore, je le lèguerai à un libraire, par exemple à M. Levavasseur (place Vendôme, Paris).
Voila donc un libraire qui après moi, reçoit un gros volume relié de cette détestable écriture. Il en fera copier quelque peu, et lira ; si la chose lui semble ennuyeuse, si personne ne parle plus de M. de S[tendh]al, il laissera là le fatras, qui sera peut-être retrouvé deux cents ans plus tard, comme les mémoires de Benvenuto Cellini.
S’il imprime, et que la chose semble ennuyeuse,
on en parlera au bout de trente ans comme aujourd’hui
l’on parle du poème de la Navigation de cet
espion d’Esménard, dont il était si souvent question
aux déjeuners de M. Daru en 1802. Et encore cet
espion était, ce me semble, censeur ou directeur
de tous les journaux qui le poffaient (de to puff) à
outrance toutes les semaines. C’était le Salvandy de
ce temps-là, encore plus impudent, s’il se peut,
mais avec bien plus d’idées.
Mes Confessions n’existeront donc plus trente ans après avoir été imprimées, si les Je et les Moi assomment trop les lecteurs ; et toutefois j’aurai eu le plaisir de les écrire, et de faire à fond mon examen de conscience. De plus, s’il y a succès, je cours la