Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/12

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fondée que celle des émigrés qui cherchaient à le faire regarder comme sorti des derniers rangs du peuple. Sa sœur aînée fut élevée à Saint-Cyr. Ce fait seul prouve que cette famille appartenait à l’ancienne noblesse.

Le nom de Napoléon est commun en Italie ; c’est un des noms adoptés par la famille des Orsini et il fut introduit dans la famille Bonaparte par une alliance, contractée dans le xvie siècle, avec la maison Lomellini[1].

Le comte de Marbeuf vint commander en Corse, et s’attacha à Mme Letitia Bonaparte. Il obtint pour Napoléon une place au collège de Brienne ; Napoléon y entra fort jeune. Il s’y distingua par ses dispositions pour les mathématiques, et par un amour singulier pour la lecture, mais il offensa ses maîtres par l’opiniâtreté avec laquelle il refusa d’apprendre le latin suivant les méthodes ordinaires. Ce fut en vain qu’on voulut le forcer à apprendre par cœur des vers latins et les règles du rudiment ; il ne voulut jamais faire de thèmes ni parler cette langue. Pour le punir de son obstination, on le retint dans le

  1. Le passage suivant de l’histoire de la maison Orsini par Sansovino peut amuser un instant :

    « Ma molli più jurono i Napoleoni, peiche in tutti i tempi gli orecchi italiani, o nella pace, a nella guerra, udirono questa nobilissima voce in nomini segnalati.  » Lib. II, p. 20.