Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/157

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ont tourné l’indomptable courage du reste du peuple à son propre détriment. Les Auguste Arguelles, les El Moral, les Porlier, les Llorente montrent à l’Europe ce que sera l’Espagne dix ans après qu’elle aura arraché à ses rois le gouvernement des deux chambres et la fin de l’Inquisition.

Joseph et la convention quittèrent Bayonne le 7 juillet. Si l’on n’avait jugé ce qui venait de se passer que par le cortège qui l’entourait, on n’aurait jamais soupçonné le changement étonnant qui venait de s’opérer. Il apparaissait aux Espagnols au milieu des ministres et des officiers qui avaient servi leurs anciens maîtres. De tout ce qui avait existé à la cour des Bourbons, il n’y avait de changé que le roi. Qu’on dise après cela que l’appui des rois est dans leur noblesse ! La noblesse au contraire est ce qui rend la royauté odieuse.

Joseph arrivait dans un pays peuplé de moins de douze millions d’habitants dont l’armée avait été soigneusement déconsidérée, écartée, reléguée dans des parties éloignées de la monarchie. Ce pays languissait depuis cent cinquante ans sous un gouvernement haï et bien plus encore méprisé. Les finances conduites avec la même ineptie que tout le reste et, de plus,