Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/325

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paraît très fâché. On passe deux heures à essayer de le retirer. À la fin, pour ne pas perdre de temps, l’empereur dut l’abandonner : les paysans en profitèrent au printemps.

Le 6, l’empereur coucha à Gap et le général Cambronne avec son avant-garde de quarante hommes à La Mure. Là, l’avant-garde de la garnison de Grenoble, forte de six cents hommes, refusa les pourparlers avec le général Cambronne. Le colonel Jermanowski, étant à l’extrême avant-garde, trouva un défilé près de Vizille, occupé par une troupe qui avait un drapeau blanc. Il voulut parler, mais un officier s’avançant vers lui, lui cria : « Retirez-vous, je ne puis avoir aucune communication avec vous. Gardez votre distance, ou mes hommes vont faire feu. » Le colonel chercha à le gagner en lui disant qu’il aurait à parler à l’empereur Napoléon et non à lui ; mais l’officier continua à se servir de paroles menaçantes et Jermanowski alla faire part à l’empereur de ce mauvais succès. Napoléon lui dit en souriant : « S’il en est ainsi, il faut que j’essaye ce que je pourrai faire moi-même. » Il mit pied à terre et ordonna à environ cinquante de ses grenadiers de le suivre avec leurs armes renversées ; il marcha tranquillement jusqu’au défilé