Page:Stendhal - Vie de Napoléon.djvu/90

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des âmes de la trempe de celle de Pichegru. Comme le jeune guerrier sauvage, cette lâche ressource n’eût fait qu’animer l’intrépidité du général. Des Anglais et des Français détenus au Temple ont vu le corps de Pichegru, et aucun homme digne de foi n’a dit avoir aperçu des marques de la torture.

Quant à l’affaire du capitaine Wright, elle demande un peu plus de discussion. Il n’était ni traître, ni espion ; il servait ouvertement son gouvernement en guerre avec la France. Les Anglais disent que, quand les Bourbons ont assisté les prétendants de la maison Stuart dans leurs entreprises réitérées contre la constitution et la religion de l’Angleterre, ce gouvernement n’a jamais traité avec une excessive dureté les Français employés dans ce service et qui tombaient dans ses mains. Quand l’heureuse issue de la bataille de Culloden, au contraire de celle de Waterloo, éteignit les dernières espérances des émigrés anglais, les Français, au service du prétendant, furent reçus prisonniers de guerre et traités exactement comme les prisonniers faits en Flandre ou en Allemagne. Je réponds que, probablement, aucun de ces officiers français ne fut pris pendant qu’il était engagé dans une entreprise d’assassinat contre le roi illégitime de l’Angleterre. On peut dire que Napoléon fit