Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/107

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il faut avoir la précaution de se priver de toute autre musique que celle de Cimarosa, pendant un ou deux mois. Mon ami avait soin de ne voir chaque semaine au Musée que les tableaux d’un même maître ou d’une même école.

Mais, mon cher, que la tâche que vous m’imposez pour les symphonies de Haydn est difficile, non pas faute d’idées bonnes ou mauvaises, j’en ai : la difficulté est de les faire parvenir à quatre cents lieues, et de les peindre avec des paroles.

Puisque vous le voulez, mon ami, garantissez-vous de l’ennui comme vous pourrez ; moi, je vais vous transcrire ce qu’on pense ici du style de Haydn.

Dans les premiers temps de notre connaissance, je l’interrogeais souvent à ce sujet ; il est bien naturel de demander à quelqu’un qui fait des miracles : Comment vous y prenez-vous ? mais je voyais que mon homme évitait toujours d’entrer en matière. Je pensai qu’il fallait le tourner, et je me mis à prononcer, avec une effronterie de journaliste et une force de poumons intarissable, des jugements ténébreux sur Haendel, Mozart, et autres grands maîtres, auxquels j’en demande pardon. Haydn, qui était très bon et très doux, me laissait dire et souriait ;