Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/112

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sonances : elles produisent d’abord un sentiment un peu désagréable ; l’oreille a soif de les voir résolues, et éprouve une jouissance bien distincte quand enfin le compositeur les résout.

Les dissonances réveillent l’attention ; ce sont des stimulants administrés à un léthargique : ce moment d’inquiétude qu’elles produisent en nous se transforme en plaisir très vif, lorsque nous arrivons enfin à l’accord que notre oreille ne cessait de prévoir et de désirer. Nous devons des louanges à Monteverde, qui découvrit cette mine de beautés, et à Scarlatti, qui l’exploita.

Mozart, ce génie de la douce mélancolie, cet homme plein de tant d’idées et d’un goût si grandiose, cet auteur de l’air

Non so più cosa son cosa faccio,

a quelquefois un peu abusé des modulations.

Il lui est arrivé de gâter ces beaux chants dont les premières mesures sont exactement les soupirs d’une âme tendre. En les tourmentant un peu vers la fin, souvent il les rend obscurs pour l’oreille, quoique dans la partition ils soient clairs pour le lecteur ; quelquefois, dans ses accompagnements, il met des chants trop