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LETTRE X

Salzbourg, le 6 mai 1809.


Jai souvent vu demander à Haydn quel était celui de ses ouvrages qu’il préférait, il répondait : « Les Sept Paroles. » Voici d’abord l’explication du titre. Il y a cinquante ans, je crois, que l’on célébrait, le jeudi saint, à Madrid et à Cadix, une prière appelée de l’entierro : ce sont les funérailles du Rédempteur. La religion et la gravité du peuple espagnol environnaient cette cérémonie d’une pompe extraordinaire : un prédicateur expliquait successivement chacune des sept paroles prononcées par Jésus du haut de sa croix ; une musique digne de ce grand sujet devait remplir les intervalles laissés à la componction des fidèles entre l’explication de chacune des sept paroles. Les directeurs de ce spectacle sacré firent courir une annonce dans toute l’Europe, par laquelle ils promettaient un prix considérable à l’auteur qui enverrait sept grandes symphonies exprimant les sentiments