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LETTRE XI

Salzbourg, le 11 mai 1809.

Mon ami,


Avec une physionomie un peu bourrue, et une espèce de laconisme dans le discours, qui semblait indiquer un homme brusque, Haydn était gai, d’une humeur ouverte, et plaisant par caractère. Cette vivacité était, il est vrai, facilement comprimée par la présence d’étrangers ou de gens d’un rang supérieur. Rien ne rapproche les rangs en Allemagne ; c’est le pays du respect. À Paris, les cordons-bleus allaient voir d’Alembert dans son grenier ; en Autriche, Haydn ne vécut jamais qu’avec les musiciens ses collègues : il y perdit sans doute, et la société aussi. Sa gaieté et l’abondance de ses idées le rendaient très propre à porter l’expression du comique dans la musique instrumentale, genre à peu près neuf, et où il fût allé loin, mais pour lequel il est indispensable, comme pour tout ce qui tient à la comédie, que l’auteur vive au milieu de la société