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et vibrées, comme dans la scène d’Orphée avec les Furies.

Il en est de la musique dans une pièce comme de l’amour dans un cœur : s’il n’y règne pas en despote, si tout ne lui a pas été sacrifié, ce n’est pas de l’amour.

Cela posé, comment trouver un beau chant ? Justement par la méthode que Corneille employa pour trouver le Qu’il mourût. Deux cents la Harpe peuvent faire des tragédies raisonnables, ce sont les musiciens grands harmonistes qui remplissent l’Allemagne. Leur musique est correcte, elle est savante, elle est bien travaillée ; elle n’a qu’un seul défaut, c’est qu’on y bâille.

Je croirais que, pour faire un Corneille en musique, il faut que le hasard réunisse à une âme passionnée une oreille très sensible. Il faut que ces deux genres de sensations soient liés de manière que, dans ses moments les plus tristes, lorsqu’il croit sa maîtresse infidèle, le jeune Sacchini soit un peu consolé par quelques notes qu’il entend chanter à demi-voix par un passant. Or, jusqu’ici, de telles âmes ne sont guère nées que dans les environs du Vésuve. Pourquoi ? Je n’en sais rien ; mais voyez la liste des grands musiciens.

La musique des Allemands est trop altérée par la fréquence des modulations