Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/210

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encore seul à l’horizon. Nous en sommes, pour la musique, où l’on en était à Paris, pour la littérature, à la fin du siècle de Louis XIV. La constellation des grands hommes vient seulement de se coucher.

Aucun d’eux n’a produit, dans le genre académique, d’ouvrage plus célèbre que la Création, qui peut-être ira à la postérité. Je pense que le Stabat Mater et un intermède de Pergolèse, la Buona Figliuola et la Didon de Piccini, le Barbier de Séville et la Frascatana de Paisiello, le Matrimonio segreto et les Horaces de Cimarosa, le Don Juan et le Figaro de Mozart, le Miserere de Jomelli, et quelques autres pièces en petit nombre, lui tiendront fidèle compagnie.

Vous allez voir, mon cher ami, ce que nous admirons à Vienne dans cet ouvrage. Songez bien qu’autant mes idées seraient claires si vous et moi causions à côté d’un piano, autant je crains qu’elles le soient peu, envoyées par la poste de Vienne à Paris, à ce Paris dédaigneux qui croit que ce qu’il n’entend pas sur-le-champ et sans effort ne vaut pas la peine d’être compris ; c’est tout simple : obligés de convenir que celui qui vous écrit est un sot, ou que vous n’avez pas tout l’esprit possible, vous n’hésitez pas.

Haydn, longtemps avant de s’élever