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LETTRE XX

Halein, le 5 juin 1809.

Mon cher Louis,


Deux ans après la Création, Haydn, animé par le succès et encouragé par son ami Van Swieten, composa un nouvel oratorio, les Quatre Saisons. Le baron descriptif en avait tiré le texte de Thompson. Il y a moins de sentiment que dans la Création ; mais le sujet admettait la gaieté, la joie des vendanges, l’amour profane ; et les Quatre Saisons seraient la plus belle chose du monde, dans le genre de la musique descriptive, si la Création n’existait pas.

La musique y est plus savante et moins sublime que dans la Création. Elle surpasse cependant sa sœur aînée en un point : ce sont les quatuors. Du reste, pourquoi blâmer cette musique ? Elle n’est pas italienne, dit-on : à la bonne heure. J’avoue que la symphonie convient aux organes difficiles à émouvoir des Allemands ;