LETTRE XX
Mon cher Louis,
eux ans après la Création, Haydn,
animé par le succès et encouragé
par son ami Van Swieten, composa
un nouvel oratorio, les Quatre Saisons.
Le baron descriptif en avait tiré le texte
de Thompson. Il y a moins de sentiment
que dans la Création ; mais le sujet admettait
la gaieté, la joie des vendanges,
l’amour profane ; et les Quatre Saisons
seraient la plus belle chose du monde,
dans le genre de la musique descriptive,
si la Création n’existait pas.
La musique y est plus savante et moins sublime que dans la Création. Elle surpasse cependant sa sœur aînée en un point : ce sont les quatuors. Du reste, pourquoi blâmer cette musique ? Elle n’est pas italienne, dit-on : à la bonne heure. J’avoue que la symphonie convient aux organes difficiles à émouvoir des Allemands ;