Page:Stendhal - Vies de Haydn, de Mozart et de Métastase, 1928, éd. Martineau.djvu/260

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pas de compliment sur cet ouvrage. Je suis convaincu que vous sentez vous-même que ce n’est pas là la Création ; et la raison, la voici. Dans la Création, les personnages sont des anges ; ici, ce sont des paysans. » Cette objection est excellente, appliquée à un homme dont le talent était plutôt le sublime que le tendre.

Les paroles des Quatre Saisons, assez communes en elles-mêmes, furent platement traduites en plusieurs langues. On mit la musique en quatuors et quintettes, et elle servit plus que celle de la Création aux petits concerts d’amateurs. Le peu de mélodie qui s’y trouve étant davantage dans l’orchestre, en ôtant les voix, le chant reste presque en entier. Au reste, je suis probablement mauvais juge des Quatre Saisons. Je n’ai entendu cet oratorio qu’une fois, et encore étais-je fort distrait.

Je disputais avec un Vénitien assis à côté de moi, sur la quantité de mélodie existant dans la musique vers le milieu du dix-huitième siècle. Je lui disais qu’il n’y avait guère de chant dans ce temps-là, et que la musique n’était sans doute alors qu’un bruit agréable.

À ces mots, mon homme bondit sur sa chaise, et se mit à me conter les aventures d’un de ses compatriotes, le chanteur