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de treize ans, très petit pour son âge, et qui ne paraissait pas en avoir dix, développer tous les thèmes de fugue proposés par Martini, et les exécuter sur le piano sans hésiter et avec toute la précision possible.

À Florence il excita le même étonnement par la précision avec laquelle il joua, à la première vue, les fugues et les thèmes les plus difficiles que lui proposa le marquis de Ligneville, célèbre amateur. Nous avons sur son séjour à Florence une anecdote étrangère à la musique. Il fit dans cette ville la connaissance d’un jeune Anglais nommé Thomas Linley, qui avait environ quatorze ans, c’est-à-dire à peu près son âge. Linley était élève de Martini, célèbre violon, et jouait de cet instrument avec une grâce et une habileté admirables. L’amitié de ces deux enfants devint une passion. Le jour de leur séparation, Linley donna à son ami Mozart des vers qu’il avait demandés sur ce sujet à la célèbre Corilla ; il accompagna la voiture de Wolfgang jusqu’à la ville, et les deux enfants prirent congé l’un de l’autre en versant des torrents de larmes.

Mozart et son fils se rendirent à Rome pour la semaine sainte. On pense bien qu’ils ne manquèrent pas d’aller, le soir du mercredi saint, à la chapelle Sixtine, entendre le célèbre Miserere. Comme on